Samedi 09 février : journée tranquille

 

Avant de débuter cette journée du samedi, je reviens sur la journée de la veille.

Ayant quitté la Charente vers 13h, j'arrive 1h30 plus tard à Mérignac chez mon binôme Laurent-Charles. Le temps de charger le 4x4, et nous voilà partis en direction du grand Sud et de ses sommets. Dilemme quant au choix de l'itinéraire : soit nous prenons l'itinéraire "bordelais" via RN10 et autoroute jusqu'à Tarbes, soit nous prenons l'itinéraire des cagouilles charentaises via Langon, Aire-sur-l'Adour et Tarbes. J'arrive à convaincre mon binôme de passer par l'itinéraire "cool", celui des Charentais.

Exceptionnellement, je vais le regretter : arrivés à Bazas, 3/4 d'heure de bouchon pour cause de renouvellement de chaussée. Bon, ça commence bien... Un peu plus loin, un panneau de déviation avant Aire-sur-l'Adour. Nous filons droit vers Nogaro et son circuit automobile. Finalement, la route s'avère plutôt un raccourci, nous évitant le centre-ville d'Aire. De plus, à la sortie de Nogaro, nous dominons la plaine et avons une splendide vue sur la chaîne bleue des Pyrénées. Le Pic est là-bas qui nous attend.

Avec tous ces retards, nous arrivons à Hoursentut (commune de Gripp) un peu avant 20h, alors que j'avais tablé une arrivée vers les 19h-19h30. Là, mon ami "ours du jardin botanique" Bruno David (de passage dans la région) nous attend déjà, les jumelles à la main. Le ciel a l'air d'enfer !!!!

On verra ça après, nos estomacs crient famine. Après avoir récupérer les clés de la grande suite (un vrai petit studio qui à deux, nous revient pas plus cher qu'une nuitée au Première Classe de Tarbes), nous allons nous attabler. Apéro avec une bonne bouteille de Sauternes, la garbure montagnarde (elle fait du bien !!!), le crumble de tomate, le steack accompagné d'une bonne bouteille de Madiran, le dessert et l'Irish Coffee pour finir. Avec tout ça nous voilà prêts à aller affronter la nuit pour observer un peu.

Une fois bien couvert, nous voilà dehors à sortir les jumelles (20x80 pour moi, 12x70 pour Bruno) et la lunette Televue Pronto de Laurent-Charles. Le ciel étant rudement noir, pas besoin d'aller plus loin : nous nous installons carrément sur la petite route. Et c'est parti pour une tournée des grands classiques : M42, M45, Mars, Saturne, la Rosette, M46, M47, M41. Puis les galaxies : amas de la Chevelure de Bérénice, M51, M101, M81-82. Enfin un petit tour par M97, NGC 457, le double amas de Persée, M3. Un dernier coup d'oeil sur M42 et nous allons nous coucher.

 

Passons maintenant à cette journée du samedi.

Petit déjeuner copieux vers 8h30. Nous réglons notre séjour et allons charger la voiture. Direction la Mongie, quelques centaines de mètres plus haut. Le ciel est magnifique, pas l'ombre d'un nuage et la température est plutôt douce pour la saison.

Laurent-Charles heureux après un bon petit déjeuner

 

La maison d'Hoursentut à Gripp

 

Sur la route...

 

Pas beaucoup de neige à la Mongie

 

Arrivés à la gare téléphérique de la Mongie, comme d'habitude, point de laisser-passer. Mais ça ne pose aucun problème. Bruno a même réussi à négocier sa montée en tant que "touriste", même s'il était prévu qu'il monte un peu plus tard avec Sylvain Rondi. Nous voilà donc dans la benne technique, prêt à rejoindre le Vaisseau des Étoiles.

Vue sur le Pic depuis la gare téléphérique du Taoulet

 

Vue sur la montagne depuis la cabine

 

Le massif du Vignemale apparaît...

 

Croisement de bennes

 

Arrivés en haut, nous laissons nos affaires au bureau d'accueil, le temps que l'on nous dégote des chambres. Nous allons ensuite au local technique récupérer la monture avec le PST, ainsi qu'une petite paire de jumelles sur pied photo pour le paysage. Nous installons tout ça tranquillement sur la terrasse Sud, et attendons de pied ferme les premiers touristes.

Comme il n'y a pas foule dans les premières bennes, nous en profitons pour faire un peu le tour du propriétaire. Un petit tour par la terrasse Nord, puis au bout de la Charvin, retour terrasse Sud. Nous passons rapidos au T60 mais il n'y a personne. Vu le temps, la nuit a dû être productive.

Le Marboré, le Cylindre, le Cirque de Gavarnie et la célèbre Brèche de Roland

 

Vue sur la plaine du nord et le Casque du Lhéris

 

Le bâtiment de la coupole Robley et le LX de François Colas (je suppose) emmitouflé

 

Petit tour sur la terrase de la Charvin. Attention, ça glisse...

 

Nous retournons prêt des instruments pour voir s'il y a quelques clients. Décidémént, il n'y a pas foule. On en profite alors pour se rincer l'oeil sur le Soleil avec le PST : pas mal de jolies protubérances, dont une en forme d'arche qui ne nous lâchera pas de la journée.

Laurent-Charles sort sa Pronto et l'équipe d'un filtre en verre pour voir s'il y a quelques minuscules taches sur notre étoile. Rien du tout malheureusement... Finalement, nous rangeons la lunette, le PST seul suffira.

Les rares personnes à venir jeter un oeil sont celles qui ont passé la nuit précédente au Pic, juste avant de redescendre.

Laurent-Charles regardant s'il y a des taches solaires en lumière blanche

 

Les coupoles du T60, du T1M et du coronographe ainsi que le Bow-Window

 

Ciel absolument coronal !!!!

 

Dédicace spéciale Guy (3e ours du jardin botanique) : les plus beaux WC du monde !!!

 

Il n'est pas loin de midi. Quelques courageux touristes sont montés au Pic, mais ce n'est pas la grande foule. Nous en profitons pour prendre l'apéro avec une petite mousse offerte par Bruno.

Quand les Ours du jardin botanique se rencontrent, la bière n'est généralement pas très loin...

 

On n'est pas bien là ????

 

Enfin quelques clients !!!!

 

Juste avant le repas, quelques touristes viennent à notre rencontre. C'est aussi à ce moment là que je rencontre enfin Sylvain Rondi, venu pour la journée faire visiter le Pic à un couple de Panaméens.

Pour le repas, nous décidons de manger à tour de rôle. Je pars déjeuner avec Bruno, tandis que Laurent-Charles assure l'animation (et il assure bien !!!).

Au retour, je prends le relais, mais il n'y a toujours pas foule.

L'après-midi, il y a un peu plus de monde, mais ce n'est toujours pas la grande affluence. Il est vrai que les vacances scolaires commencent juste, et que les premiers vacanciers sont sur les pistes de skis plutôt qu'au Pic.

Nous en profitons pour alterner l'animation en flanant un peu sur les terrasses ou au T60 où nous faisons connaissance avec les missionnaires Jean-Pierre Sareyan, Marcel et Stéphane Fauvaud tout juste réveillés. J'apprends d'ailleurs que ces derniers sont des compatriotes charentais, et pas très loin de chez moi. Comme quoi, le Pic est le centre du monde... ou presque.

Pendant que certains sont en vacances, les techniciens changent les ampoules clignotantes du pylône

 

Laurent-Charles et de rares touristes sur fond de montagnes

 

Le Soleil brille et tape fort !!

 

Différentes vues sur la montagne pyrénéenne

 

La fin de la journée approche. Il est temps pour Bruno de redescendre sur Terre en compagnie de Sylvain Rondi. Un dernier petit coucou et la benne redescend vers la vallée.

Sylvain Rondi, son ami Panaméen et Bruno sur le départ

 

Je continue de prendre quelques photos, la pression touristique n'étant pas ce qu'elle est. Laurent-Charles en profite pour jouer avec la pelle à neige et virer quelques pelletées de glace pilée, sous l'oeil goguenard de quelques habitants ailés du Pic.

 

Laurent-Charles en plein effort...

 

Tu sais pas lire ????

 

Rayons crépusculaires

 

 

La fin de la journée a sonné. La dernière cabine à touristes vient de redescendre. Nous pouvons ranger le matériel dans le local. À nous le Pic maintenant !!!!

Nous récupérons les clés des chambres et descendons nous installer. Quel luxe en ouvrant la porte !!! Tous les lits sont équipés d'une superbe couette bien moelleuse et bien épaisse. Ça donnerait presque envie de faire une petite sieste.

Elles sont top les chambres du Syndicat Mixte !!!

 

La vue de la chambre est tout simplement magnifique : Mont Perdu, Cylindre du Marboré et Brèche de Roland sont mes voisins d'en face. J'en profite pour les immortaliser avec le zoom de 500 mm, trépied photo posé sur le large rebord de la fenêtre.

La Brèche de Roland et la fausse brèche

 

Pas le temps de faire une sieste, le Soleil va se coucher. Nous repartons sur la terrasse pour observer les derniers rayons de l'astre couchant. Nous y retrouvons le nouveau groupe de touristes venus passer la nuit en compagnie de Natacha, l'animatrice de la Ferme des Étoiles. François Colas, en mission avec Jean Lecacheux au T1m vient nous saluer rapidement.

Le dernier rayon du Soleil est vert, mais je n'ai pas cherché à l'immortaliser. J'essaierai au lever du Soleil demain matin.

La lumière bleue envahit petit à petit les montagnes, d'abord nacrées de rose, puis bleuissantes au fur et à mesure que l'obscurité arrive.

Je file d'ailleurs sur la terrasse nord pour observer l'arche anticrépusculaire. Celle-ci est somptueuse, et marque une frontière très spectaculaire entre le monde du jour et celui de la nuit, en passant par tout un tas de dégradés allant du mauve au rose.

Un dernier cliché d'un joli croissant de Lune âgé de 2 jours au dessus des montagnes et nous allons dîner.

Derniers rayons de l'astre du jour

 

Le Campbiehl et le Néouvielle aux couleurs du couchant

 

Le Campbiehl

 

Pic du Midi d'Ossau

 

Grande Fache, Pene d'Aragon et Balaïtous

 

Arche anticrépusculaire

 

Croissant de Lune sur la chaîne des Pyrénées

 

Après avoir dînés en compagnie de l'équipe du T60, nous les rejoignons dans le labo pour voir un peu leur manip. Ils observent l'étoile BL Cam, très particulière au niveau de ses sursauts. On discute pas mal matos, photos, et j'en profite pour brancher le PC portable sur le réseau pour rapatrier mes emails.

Vers 23h, nous décidons d'aller observer dehors. Le temps d'aller chercher mes grosses jumelles et de bien me couvrir, je sors sur la terrase sud, sur un endroit pas trop gelé. Natacha, l'animatrice, est dehors avec quelques uns de ses produits nuits, et surtout le dobson de 500 mm de la Ferme des Étoiles.

Je recherche à peu près les mêmes objets que la veille, histoire de faire une comparaison. Finalement, je ne distingue pas plus de chose que ce que j'ai déjà vu à Gripp. Le ciel y était aussi bon, voir peut-être un peu plus noir du fait que l'on était abrité des halos de pollution lumineuse. Et oui, au Pic, on a une très belle vue sur les halos de Tarbes, Bagnères, Lannemezan, Saint-Gaudens, Toulouse, la Mongie, Luz, et côté espagnol Saragosse et Barcelone.

Les derniers touristes partent se coucher, il est temps pour nous d'aller "squatter" le dobson de 500 mm. Natacha pointe quelques objets mais nous prenons vite le relais pour en observer d'autres. Moi, j'ai prévu de voir quelques galaxies célèbres, mes préférées... Voici en gros ce que nous avons pu observer :

- M46 : superbe amas ouvert situé dans le Grand Chien. Sa particularité est qu'il héberge la petite nébuleuse planétaire NGC 2438, enfin, "petite" d'après les photos. À l'oculaire, c'est spectaculaire : on dirait M57 perdu dans un champ d'étoiles. Il faudra que je la refasse dans mon dob de 300.

- M79 : l'un des rares amas globulaires hivernaux. Il se situe dans le Lièvre, sous la constellation d'Orion. Au Pic, l'avantage est qu'il se trouve assez haut. Il est complètement éclaté dans l'oculaire, mais assez serré tout de même.

- M97 : la nébuleuse planétaire du Hibou. Superbe, bien ronde, avec 2 zones sombres assez caractéristiques (les yeux du hibou).

- M108 : cette galaxie forme un binôme avec M97. Il suffit juste de dépointer un peu le télescope pour que le fuseau de la galaxie apparaisse dans le champ de l'oculaire. La galaxie parait immense, et sa forme est très caractéristique.

- M42 : la cible de Laurent-Charles. La vision dans l'instrument est tout simplement époustouflante. Les ailes de la nébuleuse vont très loin, et le gaz dans la région du Trapèze forme presque une sorte de bouillonnement tellement c'est dense. Avec le filtre OIII, c'est encore pire !!! Sans filtre, la couleur verdâtre est assez prononcée. J'arrive à voir 5 étoiles dans le Trapèze. Un grand moment !!!

- M51 : impossible d'aller se coucher sans voir cette galaxie. Je la pointe avec le Telrad et elle apparait dans le champ de l'oculaire. Quel choc !!!!! La spirale apparait en vision directe !!! Je vois les 2 bras spiraux s'enrouler autour du noyau de la galaxie, ainsi qu'une partie du pont de matière reliant M51 à NGC 5195. J'ai du mal à enlever l'oeil de l'oculaire. J'y retourne encore après que mes camarades soient passés. Quel spectacle, et sans user de la vision décalée. On dirait presque une photo argentique...

- NGC 4565 : après la vision d'une galaxie vue de face, j'en pointe une autre cette fois vue de profil. Après avoir tâtonné un peu pour la trouver, elle apparait enfin dans le champ de l'oculaire. Là aussi, les détails sont là : un bulbe bien marqué, des extensions fines et qui vont très loin, et surtout la bande de poussière traversant le bulbe et aussi contrastée qu'un trait de crayon sur une feuille de papier. Un moment magique là aussi...

- M104 : il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin. Dans le catalogue des galaxies contrastées, le Sombrero arrive en bonne tête. Une fois l'avoir repérée aux jumelles, je pointe le dobson dans sa direction. Je ne tarde pas à la trouver. Et rebelote, la chanson continue : gros choc !!! Magnifique fuseau, ourlé d'un trait noir très contrasté. Décidément, le parallèle avec les photos argentiques d'antan au TP2415 est frappant.

Laurent-Charles fatigué commence à avoir froid malgré la température relativement "douce". À peine -4° d'après ce qu'on nous dira le lendemain. Moi, s'il n'y avait pas l'animation à assurer, je ferai bien nuit blanche. On décide de faire encore quelques objets avant d'aller au dodo.

- M65, M66 et NGC 3628 : le désormais célèbre trio galactique du Lion. Facile à trouver, je tombe d'abord sur NGC 3628 alias "le Hot-Dog". Pfiuuuh, que de détails : une trait noir traverse toute la galaxie et la coupe en deux, avec accolée de chaque côté, la matière sous forme d'arcs convexes. Les bords sont diffus et se noient graduellement dans la noirceur du fond de ciel. Hop, je décentre légèrement et tombe sur le couple M65-M66. La barre transversale de M66 apparait très bien, et permet de la différencier de sa voisine qui a une forme plus générale en fuseau. De petits détails irréguliers apparaissent en vision décalée, selon la densité de matière galactique. Je ne les ai jamais vu comme ça.

- M3 : pour finir, nous redonnons les commandes du télescope à Natacha, ravie d'avoir observée quelques objets qu'elle n'a pas l'habitude de pointer. Elle nous pointe M3, maintenant bien dégagé des bâtiments du Pic. Pas évident à trouver, il finit par apparaître dans l'oculaire. Et ben, y'a du monde là-dedans !!! L'amas globulaire est complètement éclaté, les étoiles brillent de partout. C'est beau, très très beau !!!!

C'est sur cette vision que nous allons nous coucher. Il est environ 2h du mat, il faut se lever un peu plus tard pour être opérationnel vers 10h. Moi, j'ai prévu de me lever à 7h30 pour faire le lever de Soleil.

 

Retour Sommaire Mission