Lundi 26 octobre : jour de montée

 

Notre expédition vers le Pic du Midi a débuté en ce dimanche 25 octobre sur le parking du Leclerc de Langon, où nous nous étions donnés rendez-vous.

Jérôme, d'abord parti en milieu de matinée de la Sarthe, a fait une pause charentaise bien méritée pour déjeuner chez Christophe. Puis départ en covoiturage vers 15h pour récupérer notre troisième larron, Clément, à Langon.

Côté bagages, il a fallu faire serré entre les denrées alimentaires, les matériels photos, informatiques et astros, les vêtements, le four à micro-onde donné par notre Président Arnaud une semaine auparavant à Chinon. Malgré tout ça, nous avons fini par arriver à tout loger dans la voiture de Jérôme et nous voilà parti en direction du Sud où nous arrivons à Tarbes vers 19h30.

Nous avons préféré passer la nuit à l'hôtel pour pouvoir être frais et dispo pour la montée du lundi matin.

Le temps est gris et bas, mais en se connectant au wifi de l'hôtel, nous apercevons la Lune sur les webcams du Pic, signe que là-haut, c'est dégagé.

Clément, à l'arrière d'une voiture pleine à craquer

 

Après un réveil sur les coups de 6h30, un petit tour sur les webcams du Pic (où il fait beau...) puis un solide petit déjeuner, nous décollons en direction de la Mongie. À Tarbes, il y a toujours un plafond nuageux mais plus nous roulons vers les montagnes, plus la couche se disloque, nous laissant apparaître au détour d'un virage le sommet du Pic.

 

 

Après Campan, le ciel est bleu, limpide et transparent, et nous sommes très optimistes sur la montée. Comme à chaque fois, l'excitation grandit au fur et à mesure que nous nous approchons de notre destination finale.

Le Pic, peu avant d'arriver à la Mongie

 

Nous arrivons à la gare téléphérique vers 8h30, ce qui nous laisse le temps de décharger toutes nos affaires et nous organiser pour les monter là-haut. C'est fou ce qu'on a pu tasser dans cette voiture...

Notre paquetage au complet... (photos J. Delpau)

 

Enfin, l'ordre nous est donné de tout monter dans la cabine. Ça y est, nous y sommes enfin !!! C'est parti... !!!!

Vue sur le Pic depuis la cabine de téléphérique (Photo J. Delpau)

 

Peu avant d'arriver... (Photo J. Delpau)

 

Ça y est !!! Vers 9h45, nous débarquons à 2877m d'altitude dans ce qui va être notre "chez nous" pour une semaine. Nous déchargeons tout notre barda, puis nous nous installons au labo du T60. Nous nous présentons à l'accueil pour prévenir de notre arrivée et pour nous faire ouvrir le cadenas de l'armoire à matériel du labo. Les clés des chambres nous serons données dans le courant de l'après-midi le temps que le ménage y soit fait.

Christophe en profite pour faire faire le tour du propriétaire et présenter la "bête" de 60 cm à Clément. Puis nous allons faire un premier tour en terrasse afin de prévenir nos familles par portables interposés que nous sommes bien arrivés à destination. C'est aussi l'occasion de faire les premières photos du Pic et de son somptueux paysage.

Les coupoles du T60, du T1m et du coro sous un Soleil radieux

 

La couverture nuageuse en plaine

(le petit nuage au fond à l'horizon n'est autre que la vapeur d'eau rejetée par les cheminées de la centrale nucléaire de Golfech à 140 km)

 

Panoramique depuis la terrasse Nord

(version grand format)

 

Nous retournons au labo afin de préparer le télescope pour la soirée et nous installer plus calmement. Nous trouvons une place idéale pour le four micro-onde. Autant dire qu'il va faire notre bonheur, ainsi que la Senseo.

Le four micro-onde en place

 

Christophe profite de la préparation de la soirée pour former Clément à l'utilisation du T60. C'est à ce moment là que nous constatons une "mauvaise" surprise : la motorisation de la coupole ne fonctionne pas. Nous y regardons de plus près et procédons par élimination : la coupole tourne sans souci avec la manivelle, l'électricité arrive bien aux armoires. Mais rien y fait, le moteur reste désespérément muet. Nous allons chercher le technicien OMP pour lui faire part du problème, en espérant que le moteur n'est pas grillé...

Effectivement, il constate la même chose que nous. Il repart chercher quelques outils et un peu de main d'oeuvre.

Il est vrai que nous sommes un peu désabusé par cette armoire posée sur une simple caisse en plastique, d'où arrivent et d'où repartent des câbles dont on ne connaît l'utilité. Après discussion avec le technicien, nous apprenons que l'ancienne armoire a pris un coup de foudre et que le transfert des commandes coupole vers la nouvelle armoire n'est pas encore terminé.

Après diverses tergiversations, un des techniciens trouve la solution à notre problème : l'arrêt d'urgence de la nouvelle armoire a été enclenché, et il est nécessaire d'utiliser une clé pour le débloquer. Une fois celle-ci trouvée, on entend avec joie le moteur tourner... mais pas la coupole !!! Ce nouveau problème est vite résolu : une des équipes qui nous a précédé n'ayant pas pu débloquer l'arrêt d'urgence de l'armoire, a sans doute dû désaccoupler le moteur afin de faciliter la rotation de la coupole en mode manuel (avec la manivelle). Deux coups de clés à molette et nous retrouvons enfin une coupole motorisée qui fonctionne !!!!

L'armoire et son capricieux arrêt d'urgence

 

Après ce petit coup de frayeur, il est l'heure de ripailler. Pour notre premier repas, nous décidons d'aller "squatter" la terrasse du T1m pour pique-niquer. Il fait merveilleusement doux pour la saison, et il n'y a pas un seul souffle de vent, à peine une légère brise de temps à autre. Le contraste est fort avec la neige encore présente sur les terrasses, tombée la semaine précédente.

Touristes sur la terrasse Est

 

Pas un nuage au-dessus du Pic...

 

Clément, seul face au monde (Photo J. Delpau)

 

Clément et Jérôme, avec la banane

 

À la nôtre !!! (Photo J. Delpau)

 

Rillettes, saucisson et pineau, trois Piconautes, trois spécialités...

 

Après ce délicieux pique-nique, nous retournons préparer le télescope. Arnaud nous a confié la mission de récupérer le nouveau moteur de mise au point du Robofocus dans le labo du T1m et de l'installer sur le porte-oculaire.

Et c'est là que nous connaissons notre deuxième déboire de la journée : le moteur pas-à-pas réagit, mais les engrenages ne sont pas entraînés, empêchant donc la rotation de la molette de mise au point. Nous avons beau nous gratter les neurones, lire et relire le mode d'emploi, rien n'y fait. Nous sommes obligés de redémonter le moteur, afin de pouvoir faire la mise au point à l'ancienne : à la main !!!!!

Mis à part ça, tout le reste semble fonctionner, le moteur d'entraînement du télescope émet son joli petit sifflement, les codeurs fonctionnent, l'affichage des coordonnées en coupole aussi. Bref, tout semble prêt !!!!

Clément, mode d'emploi en main, cherchant la solution pour faire marcher le Robofocus (Photo J. Delpau)

 

Après ça, nous récupérons les clés des chambres. Jérôme et Clément iront dormir au sous-sol, et Christophe prendra la médecine de montagne, le "loft" du Pic (douche et toilettes privées, et surtout moins d'étages à remonter...).

Le temps de nous installer, de brancher les PC portables au réseau pour bénéficier de la connexion internet, nous finissons par aller flâner en terrasse en attendant le premier coucher de Soleil de la semaine.

Clément, en plein rendement... (Photo J. Delpau)

 

Enfin, le moment tant attendu du coucher de Soleil arrive. L'atmosphère étant pure et transparente, il va sans doute y avoir un rayon vert. Christophe a sorti l'artillerie lourde afin de traquer ce mythique rayon : objectif zoom de 50 à 500mm de focale, utilisé bien entendu à la focale maximale. Bien lui en prend, les derniers rayons solaires prennent une teinte verte, turquoise puis bleue, avant de finir au violet et au rouge. Un rayon bleu, c'est encore plus inespéré sachant que c'est le tout premier que notre chef de mission immortalise sur le capteur numérique.

Les montagnes prennent ensuite une couleur rosée très particulière à la haute altitude, puis c'est l'arche anti-crépusculaire qui s'avance, annonciatrice de la nuit qui ne va pas tarder.

Le Soleil se couche enfin sur la chaîne pyrénéenne

 

Christophe prêt à immortaliser le rayon vert (Photo J. Delpau)

 

Rayon vert, turquoise, bleu, violet, rouge... multicolore !!!!

(Planche version grand format)

 

Montagnes rosées...

 

Arche anticrépusculaire

 

Il est temps maintenant de passer aux choses sérieuses et de commencer notre programme astronomique. Avec la présence de la Lune entre premier quartier et phase pleine, il n'est pas évident de faire de l'imagerie du ciel profond. Et comme aucun de nous ne possède de compétences en photométrie ou astrométrie, nous avons prévu de nous contenter de faire de l'imagerie planétaire. Mais le but principal de notre séjour au Pic est de manipuler les dernières acquisitions de l'association : la caméra CCD, le spectrographe LHIRES, et mettre en oeuvre certaines techniques instrumentales nécessaires pour réaliser de belles images (autoguidage par exemple).

C'est Jérôme qui ouvre le programme des hostilités en installant sa DMK 31 au foyer du T60 afin de réaliser des images de la Lune. L'absence de motorisation de la mise au point est un gros handicap. Le porte-oculaire est massif et efficace, mais il lui manque tout de même une molette démultipliée, qui aurait grandement facilité les opérations.

Tant bien que mal, en s'y mettant à deux, nous arrivons à obtenir une mise au point correcte, que l'on retouche entre chaque acquisition.

Les images turbulent un peu, et Jérôme ne préfère pas mettre la barlow 1.6x avec le T60.

Après quelques films, nous faisons une petite séance d'acquisition avec la lunette guide de 130 mm. Les images sont plus stables dans cet instrument, et Jérôme tente des images avec la barlow.

 

Après cette première mise en jambe, il est temps d'aller dîner au bow-window, la plus belle salle de restauration du monde. Mais de nuit, il est difficile d'apprécier la grandeur du paysage. Un petit tour en terrasse pour faire quelques photos d'ambiance favorise la digestion. Il ne fait pas froid, et quasi pas de vent. Même pas besoin de la grosse parka et du bonnet !!!

Bâtiment du Pic éclairé par la Lune (Photo J. Delpau)

 

Après le dîner, Jupiter est suffisamment haute pour être photographiée. Cette fois-ci, c'est Christophe qui colle une de ses caméras sur le T60, couplée avec une barlow Télévue Powermate 2.5x. Et rebelote, difficile d'obtenir une mise au point correcte sans moteur dédié... Et nous recommençons les opérations à deux : Jérôme tourne la molette de réglage du porte-oculaire, et Christophe contrôle la mise au point sur l'écran de son PC portable. Une fois effectuée, les acquisitions sont lancées. Mais la turbulence est vraiment gênante, Jupiter prenant parfois une forme bien ovoïde. Il est vrai qu'elle n'est pas bien haute sur l'écliptique depuis quelques années, et se trouve noyée dans la turbulence des couches atmosphériques basses.

Comme pour les images lunaires, c'est la lunette de 130 mm qui donne les images les plus stables et les plus piquées.

Christophe contrôlant le résultat de ses acquisitions (Photo J. Delpau)

 

 

Jupiter ayant passé le méridien, la qualité des images va se dégrader progressivement. Il est temps de sortir pour profiter du paysage éclairé par la Lune. Il y a un peu de monde : les touristes du "produit nuit" profitent du ciel et jettent de temps en temps un oeil dans le petit dobson de l'animateur.

La Lune inonde de sa lumière les bâtiments et coupoles du Pic, donnant cet éclairage assez particulier.

Coupoles du T1m et du coro sous les étoiles et éclairées par la Lune

 

L'antenne TDF et le bâtiment interministériel

 

Discrète Voie Lactée au dessus du T60

 

Touristes écoutant l'animateur du "produit nuit"

 

Il est 23h environ. Il est l'heure de prendre un petit café ou une petite soupe chaude. Clément en profite pour préparer son appareil photo numérique pour tenter quelques clichés sur les objets du ciel profond au foyer du T60.

Clément prépare son matériel tandis que Christophe se prépare une petite soupe

 

Pendant que Clément tente ses prises de vues, Christophe et Jérôme ressortent en terrasse pour refaire une série de photos d'ambiance.

L'atmosphère est limpide et les halos de pollution lumineuse des villes sont très bien visibles, malheureusement... Les lumières artificielles de Tarbes, Toulouse, et même de Saragosse et de Barcelone de l'autre côté de la chaîne de montagne, sont visibles.

Villes et villages éclairent inutilement la Grande Ourse (Toulouse est à l'horizon sur la droite)

(version grand format)

 

Tarbes et ses lampadaires

 

Lever d'Orion à droite et halo lumineux de Barcelone à gauche

 

Ombre lunaire du Pic

 

Panoramique nocturne de la chaîne pyrénéenne (halos de Barcelone à gauche et Saragosse à droite)

(version grand format)

 

De retour au labo, Clément nous signale qu'il n'arrive à rien faire, la fatigue commençant à se faire sentir. Il est vrai que la route de la veille, une mauvaise nuit à l'hôtel à Tarbes, l'excitation à l'idée de monter au Pic, et les effets de l'altitude font que les organismes commencent à sentir le poids de la fatigue cumulée.

Le temps de remettre le télescope en position de repos, fermer la coupole, vider les cartes mémoires des appareils photos, répondre aux derniers mails, recharger les batteries, faire quelques premiers traitements des acquisitions de ce soir, il est environ 1h30 quand tout le monde décide d'aller se coucher.