Jeudi 29 octobre

 

Un nouveau jour se lève. Et comme d'habitude, Christophe est sur la brèche à la poursuite d'un éventuel rayon vert. Malheureusement, ça ne sera pas pour ce matin, en partie à cause du voile de nuages à l'horizon.

Mais ce n'est pas grave, les couleurs sont toujours aussi belles et il y a toujours quelque-chose à voir au Pic, par tous les temps. Ce matin, ce sont les jeux de lumière qui sont splendides.

Couleurs rougeoyantes de l'aube naissante...

 

Le décor est planté

(version grand format)

 

Lever du jour sur la plaine endormie

 

Lever de Soleil

 

Le Pic inondé par la lumière solaire

 

Jeux d'ombre et de lumière

 

Discret parhélie

 

Ombre du Pic et TBL

 

Après un solide petit déjeuner et un bon café, nous reprenons nos activités quotidiennes.

Le Soleil ayant fait une belle apparition mais l'accalmie étant de courte durée, nos amis du coro nous invite à venir rapidement faire quelques photos des écrans du labo allumés, avant que ceux-ci ne soient éteints pour le reste de la journée. Effectivement, les cirrus sont de retour, et d'autres nuages plus épais commencent à pointer à l'horizon. Nous en profitons pour faire d'autres photos du coronographe et de CLIMSO.

Vue d'ensemble du coronographe (Photo J. Delpau)

 

L'instrumentation CLIMSO (Photo J. Delpau)

 

Les ordinateurs en plein travail (remarquer les nuages voilant le Soleil sur les écrans de droite)

 

Alors que nous nous trouvons dans la coupole, des bruits de moteurs se font entendre à l'extérieur. Nous nous précipitons tous sur la coursive pour voir des paramotoristes survoler le Pic. L'occasion est trop belle pour rendre hommage à tous ces merveilleux fous volants et à tous les passionnés de sport extrême avec quelques photos. La sensation de liberté doit vraiment être totale aux commandes de ces drôles de petits engins motorisés.

Paramotoriste au-dessus de la Charvin

 

Survol du Pic (I)

 

Survol du Pic (II)

 

Totale liberté... (I)

 

Totale liberté... (II)

 

Totale liberté... (III)

 

Tout en photographiant nos visiteurs volants, nous observons de beaux nuages aux couleurs nacrées.

Irisation et nuage nacré

 

Il est déjà l'heure de déjeuner. Comme il fait relativement beau et doux, nous retournons déjeuner sur la plus belle table de pique-nique du monde. Notre repas est troublé par la venue d'autres êtres volants complètement identifiés. Il s'agit des vautours fauves, qui profitent des derniers jours de beau temps pour venir jouer et planer dans les courants ascendants qui bordent le Pic. Décidément , c'est un vrai meeting aérien auquel nous assistons aujourd'hui. Nous avons vraiment de la chance d'apercevoir ces majestueux oiseaux, car d'habitude, en cette saison, ils sont plutôt du côté espagnol.

Effets de l'altitude et de la pression minimale sur un paquet de chips (Photo J. Delpau)

 

Jérôme trinquant à la santé du Pic et de notre mission

 

Majestueux vautour fauve...

 

Couleur émeraude du lac D'oncet sous une lumière verticale

 

Passé ce merveilleux moment du déjeuner, il est temps de se remettre au travail. La nuit prochaine s'annonçant comme l'une des plus belles de la semaine, nous avons choisi d'utiliser et manipuler la caméra CCD du T60, la SBIG STL 6303e. Pas facile de trouver les bons câbles de branchement parmi la multitude qui arrive au niveau du porte-oculaire. Heureusement, Christophe, qui a l'habitude de manipuler ce genre de matériel, finit par arriver à tout brancher, et nous pouvons commander la caméra depuis le PC du labo. Le refroidissement fonctionne bien, et c'est l'occasion pour Jérôme et Clément de compléter leur formation avec un petit cours sur le logiciel PRISM.

Christophe installant la caméra CCD (Photo J. Delpau)

 

Vue d'ensemble de "notre" télescope (Photo J. Delpau)

 

Nous redémontons et rangeons la caméra car le temps que la Lune décline et devienne moins gênante la nuit prochaine, nous pourrons lui tirer à nouveau le portrait avant d'attaquer celui de quelques objets du ciel profond.

Pour changer un peu et sortir du labo, nous allons visiter le musée touristique racontant l'histoire du Pic et des recherches qui s'y sont déroulées et qui s'y déroulent encore. Toujours une grande émotion quand nous nous trouvons sous l'antique et plus que centenaire coupole Baillaud, face au coronographe qu'utilisa Bernard Lyot pour observer ses fameuses "Flammes du Soleil". Ou encore face à la vitrine contenant l'atlas photographique de la Lune qui comporte entre autres des images lunaires acquises avec le T1m pour préparer les futurs sites d'alunissage des missions Apollo.

À la sortie du musée, nous ne pouvons pas nous empêcher d'aller faire quelques emplettes supplémentaires à la boutique du Pic.

De retour au labo, notre curiosité et soif d'apprendre de nouvelles choses nous pousse à sortir le spectrographe LHIRES III de sa valise, d'y coller un oculaire et de pointer le Soleil pour voir son spectre. Le spectacle qui s'offre à notre rétine est fascinant. C'est impressionnant de se dire que parmi toutes les couleurs du spectre du Soleil, toutes ces petites bandes noires sont autant d'éléments chimiques qui révèle la nature de notre étoile. On a vraiment l'impression de découvrir l'intimité, la face cachée du Soleil. Ce LHIRES est vraiment un outil très intéressant, et nous nous disons qu'un jour ou l'autre, il faudra apprendre à l'utiliser pour en tirer toute la quintessence et en apprendre plus sur la vie et la constitution des étoiles.

Christophe observant le spectre du Soleil avec le LHIRES III

 

Et comme tous les soirs, nous avons rendez-vous avec le Soleil pour le voir disparaître derrière l'horizon montagneux. Encore une occasion de shooter notre étoile et tenter d'attraper quelques rayons verts ou bleus.

Soleil et sa "protubérance"

 

Nouveau rayon vert et bleu

(Planche version grand format)

 

Après le dîner, Christophe décide d'aller dormir quelques heures sachant que la nuit va être longue. Pendant ce temps, Clément et Jérôme font de nouvelles acquisitions d'images sur la Lune avec la DMK 31...

 

23h30. Christophe refait surface et rejoint Jérôme et Clément qui traitent leurs acquisitions lunaires. Il est temps de remonter la caméra CCD et de commencer à baisser la température du capteur.

Pendant ce temps, nous choisissons notre première cible. Ce sera la galaxie M74 dans la constellation des Poissons.

Et comme pour nos images de la Lune, il nous faut prendre une certain temps pour arriver à faire une mise au point "correcte" à la main. C'est Clément qui s'y colle pour tourner la molette de réglage du porte-oculaire, pendant que Jérôme et Christophe contrôle la courbe à l'écran du PC du labo et lui indiquent la marche à suivre. "Trop loin !!! Reviens un peu... dans ce sens, non dans l'autre !!! Bouges pas, ça me semble pas trop mal, t'en penses quoi ???". À l'unanimité, nous jugeons notre mise au point satisfaisante. Tant pis, à défaut de Robofocus, il faudra se contenter de ça.

Puis vient la phase suivante : la calibration de l'autoguidage. Là aussi, il faut trouver une étoile relativement brillante puis lancer la procédure de calibration. Mais c'est quand même plus facile que la mise au point, et PRISM gère ça quasiment tout seul.

Troisième étape : le pointage de notre cible. Avec l'affichage des coordonnées en coupole, cela devrait être facile. Pourtant, nous tombons juste à côté. Et il nous faut un moment pour arriver à trouver le champs que nous pointons sur le logiciel de cartographie stellaire. Nous finissons par y arriver, et en deux ou trois coups de bouton d'ascension droite, notre galaxie apparaît enfin sur le capteur de la caméra.

Il est enfin temps de lancer la série de poses. Nous choisissons un temps de pose unitaire de cinq minutes, soit 300s. Tous les quarts d'heure, il faut tourner la coupole pour éviter que le cimier nous bouche une partie de l'ouverture du télescope.

La Lune est encore bien présente. Cela se voit par le fond de ciel bien lumineux sur nos images.

Au bout d'une heure et demie, nous devons arrêter les poses. Le secteur d'entraînement de la monture équatoriale arrive en bout de course, et il faut le remettre en position de départ.

 

Nous en profitons pour faire une collation et choisir un nouvel objet. Jérôme profite de ce moment là pour faire des photos à l'intérieur de la coupole. Comble de chance, l'une d'elle est gratifiée par le passage de la station spatiale internationale ISS dans l'ouverture du cimier. Nous en avons confirmation en consultant les sites web spécialisés dans les prévisions des passages des satellites artificiels.

Le T60 en position de travail (Photo J. Delpau)

 

Passage de l'ISS dans l'ouverture du cimier (trait continu en bas de l'ouverture du cimier - Photo J. Delpau)

 

Pour notre deuxième cible, nous choisissons de pointer NGC 1977 alias le "Running Man". Dès la première pose, Christophe est étonné par le blooming important sur les étoiles brillantes. Effectivement, après avoir fait quelques recherches, nous constatons que la caméra ne comporte pas de système anti-blooming. Tant pis, nous continuons, le but est de manipuler cette caméra, et nous savons que nous ferons d'autres erreurs. On ne peut pas réussir tout du premier coup, ce ne serait pas intéressant sinon...

Pendant 1h45, les poses vont s'engranger, jusqu'à ce qu'à nouveau, nous arrivons en bout de course du secteur denté.

 

Nous n'avons pas le temps de passer à un autre objet avant le lever du jour. Il faut donc passer aux images de calibrations, la partie la plus facile du programme, enfin presque... C'est parti avec les darks... Et deuxième surprise : on dirait que la lumière des étoiles arrive encore sur le capteur malgré que l'obturateur soit censé être fermé. Considérant que c'est peut-être dû à une mauvaise manipulation du logiciel, Christophe décide de forcer la fermeture de l'obturateur en cliquant sur une case à cocher dans les options du logiciel d'acquisition. Malgré cela, toujours le même effet. Il semble y avoir comme une sorte de persistance "capteurienne" (nous ne pouvons pas parler de rétine dans ce cas là...). Effectivement, il faut bien une bonne vingtaine de minutes pour arriver à retrouver une image complètement noire et dépourvue de lumières parasites.

Le jour se lève, il faut penser à aller en terrasse pour le lever du Soleil. Nous lançons donc les images d'offset, puis rapidement (trop rapidement d'ailleurs...), Christophe lance les images de flats.

Avec la fatigue d'une nuit quasi blanche et une maîtrise encore approximative du logiciel PRISM, il s'apercevra quelques heures plus tard que l'obturateur de la caméra était resté bloqué en position fermée suite à l'oubli de désactiver la case à cocher adéquate dans les options du logiciel. Les flats seront donc ratés, et la caméra sera démontée avant de s'apercevoir de cette erreur capitale qui aura une grande influence sur le résultat final de nos images traitées.

Nous laissons la caméra faire ce que nous croyons être de bons flats, et sortons assister au lever de Soleil...